Conservatoire des mémoires étudiantes

Présentation : PRAG à l’université Paris VIII, enseignant en Sociologie. - Contexte familial. Père pasteur. - Scolarité à Paris. Ecole privée, lycée Buffon. Arrivée à l’université en 1961. Propédeutique, puis étude de géographie, et d’histoire. - Engagement à la fédération des lycéens, puis des étudiants protestants.

Devient militant de l’UNEF dès son arrivée à la Sorbonne. Président de l’Union Générale des Etudiants de Géographie de la Sorbonne. Mis en minorité, il travaille avec la FGEL (Fédération des Groupes d’Etudes de Lettres).

Sa mère. - Aîné d’une fratrie de 4 enfants.

Fédération Française des Associations Chrétiennes d’Etudiants (FFACE). Participe au comité de rédaction du journal « Le Semeur ». Cercles locaux de lycéens ; il crée un cercle (« Cambronne »).

Entrée à part entière à la FFACE à l’université ; participation aux réunions.

Au sein de la fédération protestante, étudiants proche du PSU et des étudiants socialistes unifiés. Clivages politiques et théologiques (courants anti-déiste).

Personnalités marquantes de la FFACE ; Pasteur Casalis (influence intellectuelle et morale), philosophe Paul Ricoeur. - Mouvement contestataire catholique : la JEC.

Organisation de la FFACE : revendication de l’autonomie, de la liberté de presse des étudiants et lycéens mais autorité du pasteur sur le religieux.

Quitte l’église et la foi mais reste très marqué par cette influence.

Membre du bureau de la FFACE (qu’il quitte rapidement) et du comité de rédaction du « Semeur ». Ambiance « potache ».

Membres de l’équipe du « Semeur » : Daniel Joubert, situationniste, Pierre Encrevé, Jean Baubérot, et de nombreux fils de pasteurs. - Au sein de la FFACE : domination masculine

Pas de service militaire : sursis universitaire pendant la guerre d’Algérie, puis exempté pour un problème de santé. Conscient de l’inégalité sociale lié au sursis universitaire.

Une de ses sources d’information sur la guerre : lettres d’un de ses cousins mobilisé en Algérie. Sa position : se mobiliser contre la guerre d’autant plus qu’il bénéficie du sursis.

Clivage avec la ligne communiste orthodoxe : sur la guerre d’Algérie, idée que le PC ne s’impliquait pas assez. Sa position sur le FLN : combattre ses propres crimes avant toute chose.

Ne participe pas au réseau d’aide au FLN. Son père accueille des réunions clandestines (Janson), malgré son opposition. La paroisse de son père (15ème) est perquisitionnée.

Retour sur son parcours scolaire. Bac math élém (scientifique), redouble son année. Année de propédeutique forte en mobilisations. Ampleur des effectifs. Interpellation des militants ; atmosphère électrique.

Souvenirs de son intervention en géographie auprès de Mr Dresh, directeur de l’Institut de Géographie, et pilier du PC.

Intervention des militants dans le grand amphi de la Sorbonne. Front politique sur l’Algérie et front corporatif sur la vie étudiante.

Pierre Gaudez. Président de l’UNEF à l’époque : Michel Moussel. FGEL : Antoine Griset, puis Jean-Louis Péninou.

Institut de Géographie, rue Saint-Jacques. Inégalité entre histoire et géographie. Sentiment moindre de la massification par rapport à la Sorbonne. Spécificité revendiquée des étudiants de Géographie.

Origine plus populaire des étudiants que dans d’autres disciplines. - Folklore estudiantin : cuites, repas et chansons paillardes. Volonté d’éliminer ces aspects, soutenu notamment par des filles.

Isolement au sein du bureau de l’UGEG, lié à son côté anti-folklorique. Proche du courant de la gauche syndicale.

Adhère à l’UEC à son arrivée à l’Université. Apprécie les débats. Croise Krivine, Kouchner…

Aspect positif du folklorisme : proximité avec certains enseignants (assistants, maître-assistants).

Pratiques syndicales des étudiants géographes : polycopiés, bulletin mensuel.

Pour lui, la crise du syndicalisme étudiant intervient en 1965-1966. Son analyse : perte de la fonction politico-morale de l’UNEF à la fin de la guerre d’Algérie. 1963-1964 : actions collectives sur les problèmes universitaires (conditions matérielles), puis desserrement des contraintes matérielles ; les revendications deviennent plus difficile à mener et moins mobilisatrices (critique du fonctionnement de l’Université ; GTU).

Cursus universitaire : propédeutique, licence de Géographie (3 ans), et début des études de Sociologie.

Participation aux GTU en Sociologie : travail à partir d’un groupe de travaux dirigés. Réunions irrégulières qui permettaient la critique de l’enseignement.

GTU en Sociologie : travaux et publication. GTU en Philosophie : critique et analyse de cours.

Enseignants : Aron (enseignement libéral), Gurwitch (terreur des étudiants), Claude Lefort.

Cours de Sociologie générale, linguistique générale. Puis, abandon des certificats d’économie politique et de psychologie sociale.

1968 : étudiant et salarié (pigiste chez Larousse, cours particuliers). Engagé à l’Institut National de Formation des Adultes (INFA) pour faire une enquête sur la formation dans les syndicats ouvriers : abandon lié aux événements.

Mai-juin 1968 : groupe de sociologie de la FGEL. - Début d’intérêt pour les affaires internationales de l’UNEF (1965-1966). Voyages en tant que représentant de l’UNEF (Dubrovnik).

Secteur international de l’UNEF : actions étudiantes contre la guerre du Vietnam (voyage à Berlin-est et ouest). SDS. - Hiver 1967-1968 : création du MAU, Mouvement d’Action Universitaire. Ecriture de tracts.

Situationnistes (« De la misère en milieu étudiant »). - Paralysie de l’UNEF, figée par des querelles de pouvoir internes.

Agitation multiforme en 1967-1968 avant mai 1968. - Influence de l’Allemagne et de l’Italie. Influence des idées de Marcuse. Intervention de Marcuse lors de l’un de ses voyages à Berlin, invité par le SDS.

Courants militants peu intéressés par les questions universitaires ? Querelle au sujet de l’allocation d’études entre les communistes orthodoxes et l’UNEF. - Courants trotskistes.

Manif de novembre 1967. - JCR ; travail auprès des lycéens (guerre du Vietnam, liberté d’expression).

Problème des cités universitaires. Logement dans un appartement familial (« privilégié »).

Courant critique de l’université. Circulation d’idées entre des groupes très divers. Ne suit pas précisément l’organisation de chaque courant.

Cassure de 1965 : dissolution du secteur Lettres. - Dispersion ; réunions dans une brasserie (gauche syndicale et/ou voie communiste). Marie-Noëlle Thibault.

Son premier tract écrit en novembre 1967.

Evénements de mai juin 1968. A la Sorbonne le 3 mai ; fourgons, encerclement par les CRS, cars grillagés, nuit au commissariat, enregistrement de son identité.

Participation à des comités, à l’organisation des manifs, à la libération de Censier, à la manif du 13 mai, à la nuit des barricades. -Très vite, il est happé par le journal « Action ».

Débats très divers, « délirants » à la Sorbonne. Participe peu aux assemblées générales de Sociologie (question des examens).

Souvenirs de la session de Septembre ; contrôleur étudiant, étudiants de Normale Sup.

Souvenirs des débats sur la réforme universitaire en septembre (Loi Faure). Favorable à la participation des étudiants aux élections, minoritaire.

Séminaire à Nice en Août 1968 ; maos, trotskistes, ex-gauche syndicale…But : adopter des stratégies communes sur le front universitaire et les luttes politiques et sociales. Jeu groupusculaire.

A la Sorbonne : police, katangais. Repli de certains de ses amis sur des comités de quartiers. Côté foire de la Sorbonne.

Impressionné par la réforme d’Edgar Faure. Favorable à la participation des étudiants aux instances universitaires ; position minoritaire. Péninou, Kravetz, Bouguereau (« Action »), Lalonde. « Cahiers de mai ».

Participe à des virées des « Cahiers de mai », dans les années 1970. Position ambiguë, entre l’envie de travailler de rester étudiant. Rentrée 1968 : inscription à Vincennes (cours sur le système soviétique), qu’il quitte rapidement. Rivalités groupusculaires portés à leur paroxysme à Vincennes (maoïstes/communistes).

Ecrit un livre pour un Sénateur. - 1969 : travaille dans le groupe de sociologie industrielle de Touraine avec Nicole de Maupéou-Abboud. Puis, à partir de 1970-71, participe au groupe de sociologie du travail sur les grèves ouvrières et devient chargé de cours à Paris VII.

Vacataire de recherche. Décide de passer le CAPES Sciences Economique et Sociales en 1974. 1974-1993 : professeur en lycée. 1993 : PRAG à l’université Vincennes-Paris VIII.

Engagements militants après l’Université. A Paris VII : CFDT chercheur. Contacts avec ICO (Informations Correspondances Ouvrières).Intervention auprès des étudiants, actions pour les chargés de cours.

En tant que prof de lycée, adhère au SGEN.

La place de l’autogestion dans la critique de l’orthodoxie communiste avant 1968.

Pas d’engagement mutualiste. Image positive de la MNEF dans les années 60. Financement de l’UNEF par la MNEF.

Conserve des liens avec certaines personnes de cette époque étudiante (Marie-Noëlle Thibault, Péninou, Jean-Marcel Bouguereau). - Regrets de ne pas avoir accepté d’entrer à « Libération ». Goût pour le journalisme depuis « Action ».